Le directeur général de l'AP-HP a adressé une lettre au Président de L'Assemblée Nationale Richard Ferrand, dans laquelle il dénonce et estime que le témoignage du professeur marseillais est inexact et mensonger.
Une grave accusation que le directeur de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Paris révèle aujourd'hui.
Fausses déclarations
Martin Hirsh estime donc que Le professeur Didier Raoult aurait fourni un faux témoignage lors de son audition délivrée aux députés de la commission d'enquête concernant le Covid-19.
Marin Hirsh dans sa lettre à Richard Ferrand : "Il me semble essentiel que les travaux de la commission ne puissent être fondés sur des éléments factuellement faux, et que les suites qui s'imposent puissent être données",
Moins de morts à Marseille ?
En effet Martin Hirsh signale que différentes déclarations de Didier Raoult sont fausses et sans fondement.
Le professeur marseillais affirme depuis le début de la pandémie, que son traitement à l'hydroxychloroquine est le traitement le plus efficace contre le coronavirus. Il met surtout en cause la qualité des soins prodigués dans les hôpitaux parisiens.
Didier Raoult affirmait : "La mortalité dans les réanimations ici, est de 43%. Chez nous, elle est de 16% ", avait-il dit, sans préciser exactement d'où il tirait ces chiffres.
De sérieux doutes
Des chiffres contestés, alors que le taux de mortalité est effectivement de 43% dans les services de réanimations. L'anesthésiste réanimateur Antoine Veillard Baron émet de sérieux doutes sur l'ensemble des statistiques avancées par le professeur Raoult.
"Parler de mortalité brute n’a aucun sens puisque la mortalité est liée à la sévérité des malades. Plus les malades sont admis dans des cas sévères, plus leur mortalité attendue va être élevée. On ne peut pas comparer deux mortalités sans avoir la typologie des patients", assure l'anesthésiste de l'hôpital Ambroise Paré de Boulogne-Billancourt.
Tollé général
Au mois de mai dernier, Didier Raoult critiquait très haut et fort l'étude de "The Lancet" qui contestait radicalement, l'efficacité du traitement à l'hydroxychloroquine que le médecin marseillais vantait.
Cette étude se termina en tollé général et les scientifiques ayant participé à ce rapport, revenaient sur leur écrits.
Didier Raoult habitué aux polémiques s'en réjouissait et continuait dans ses affirmations, en évoquant que le taux de mortalité à Paris était 5 fois plus élévé qu'à Marseille.
"Nous, on fait du dépistage"
"À Marseille ils ont fait du dépistage de gens pour savoir s'ils avaient le Covid-19, ceux qui l'avaient ont été traités, mais c'était des personnes jeunes en bonne santé, le taux de mortalité était plus faible car ils n'étaient pas malades. Quand on compare la mortalité dans une maison de retraite et dans un collège, c'est normal d'avoir plus de morts", déclarait-il sur BFMTV.
De son côté Bruno Megarbane le chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière de Paris rappelle un point important.
"Paris n'a pas été à la hauteur"
"Les données épidémiologiques, notamment de mortalité en réanimation en Île-de-France ne sont pas connues, ne sont pas publiées. Toutes nos données ont été mises dans un registre nommé ‘Covid ICU’ qui est dirigé par le Pr Schmidt à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, mais elles ne sont pas publiées. Il faut attendre la fin de l’épidémie pour donner un chiffre de façon fiable", expliquait-il.
Autre point soulevé par Didier Raoult lors de son audition, concernant le cas du patient chinois octogénaire, qui fut le premier mort du coronavirus sur le territoire français.
L'infectiologue, affirme également que l'établissement parisien en charge de le traiter et de le soigner n'aurait pas été à la hauteur.
Accusations
"Il n’a pas été testé. Santé Publique a dit ‘il ne faut tester que les gens de Wuhan, qui ont de la fièvre et de la toux.’ Il est rentré chez lui et est revenu sept jours plus tard, après voir contaminé sa fille, et il est venu mourir dans ce même hôpital", accuse l'infectiologue.
Martin Hirsch, considère que cette accusation est complètement fausse : "Le seul patient chinois de 80 ans auquel peut faire référence le Pr Didier Raoult a été admis le 25 janvier 2020 à l'hôpital européen Georges Pompidou. Il n'a jamais été renvoyé chez lui", assure-t-il.
Des précisions
Philippe Juvin, le chef du service des urgences à l'hôpital Georges-Pompidou donne des précisions sur ce cas :
"Premièrement nous l’avons gardé aux urgences et nous l’avons isolé jusqu’au lendemain matin. Le lendemain matin il a commencé à développer des signes respiratoires inquiétants et là nous l’avons transféré en réanimation. Le jour d’après, le diagnostic a été évoqué et posé", se rappelle le médecin.
En conclusion, tous les intervenants estiment que Didier Raoult aurait confondu plusieurs événements de cette crise dans les hôpitaux. Le cardiologue Alain Ducardonnet conclut :
"Si on résume tout ça, Didier Raoult est un grand scientifique, mais quand le manque de précision, l’intuition, amènent vers la conviction, alors on n’est plus un scientifique".